Allez j'y reviens sur cette course, cette fameuse course du 13 octobre 2012.
Y être était déjà une victoire. Depuis novembre 2011, et le début de la prépa', je ne pensais qu'à une seule chose, me qualifier pour Hawaii !
Et une fois obtenue le précieux sésame, quoiqu'il arrive, ma saison était réussie. Y être donc, et en vrai, pas virtuellement derrière mon PC, à quelques milliers de km de là, était tout simplement la cerise sur le gâteau.
Sur Dig Me Beach à 30' du départ, dans ma bulle, concentré, j'y ai d'ailleurs beaucoup pensé ... "T'y es mon gars .. tu l'as voulu ... faut juste assurer maintenant, faire juste ce que tu sais faire ...." ... C'est certainement le moment le plus stressant/émouvant de la journée que j'ai connu, mais il était bon et très intense.
Arrivé à J-12 sur Big Island j'ai effectué de bons entraînements sur place. Dans les 3 disciplines j'avais vraiment de bonnes sensations. Seul un tendon d'Achille légèrement douloureux venait me rappeler à garder une certaine vigilance en course à pied.
Pas ou très peu de stress à quelques jours de la course. La veille, fait rare, je dors même comme un loir. Estomac noué d'ordinaire là je me sens relax et ai une faim de loup et m'enfile mon p'tit déj habituel (même le Nutella® est de sortie ;) .. merci Carole !!).
A 5h RDV avec les Fantouchais chryslérisé et direction le Pier. Avec Sandra nous ne sommes pas super au point. D'abord à nos vélos, sans être body-marké, et nous voilà à devoir remonter toute la chaîne afin de se faire tatouer et peser.
En totale introspection sur la mince bande de sable du coin j'assisterai au départ des hommes à 6h30 et des femmes pro 5' plus tard. Une mise à l'eau la plus tardive possible me laissant le temps de gamberger un chouille avec un "... mais qu'est-ce que je fous là, bordel ..." assez classique.
A moins de 5' du départ (car faut bien y aller, hein ..!) je me jette à l'eau et me dirige vers l'endroit qui me semble le moins dense. C'est au milieu. Je m'avance, nous ne sommes pas les uns sur les autres, et je peux progresser jusqu'à me retrouver en 1ère ligne. L'eau ne me paraît pas bien chaude, j'ai limite froid (bien fait d'attendre le dernier moment) mais je n'ai pas le temps de trop y penser. C'est parti !
Rien vu, rien entendu, c'est juste le mouvement de masse qui me fait réagir (apparemment problème de canon d'où le décalage entre chrono affiché sur la ligne et chrono réel).
NATATION
Nous sommes 2000 et autant dire que çà secoue quelque peu. La natation étant mon point faible, je redoute cette 1ère épreuve, a fortiori plus relevée et plus dense que sur n'importe quel autre IM, et disons que je suis agréablement surpris. Ok çà frotte, on reçoit des petits coups mais j'ai connu bien pire sur des courses régionales d'une centaine de participants.
Après 200m et sur-régime volontaire la nage est bien posée, la ventilation redevenue normale. Je m'attache à la fois à nager le plus droit possible et à éviter d'être trop proche d'autres concurrents. La promiscuité n'est d'ordinaire pas un facteur de stress mais dans l'eau celui-ci est assez puissant à vrai dire ;)
Au demi-tour, voilier à contourner, obligation de faire quelques mouvements de brasse pour me dégager et me réorienter correctement. Il y a une belle densité, mais ce n'est pas ce qui me gêne le plus. Je regarde devant moi et le Pier me semble loin mais loin. Pffff ... tout çà à se taper encore ... !! ;))
Finalement le retour passera plus vite que l'aller, je suis à l'aise et peinard et peux même me décontracter le diaphragme en toute quiétude.
Il n'y a qu'à 200m de la sortie que les choses se corsent. D'un coup d'un seul cela devient hyper dense, pas assez de place pour poser nos jambes et nos bras. Nous sommes les uns sur les autres ... "It's like IronWar" comme dirait l'autre mais version aquatique. A un moment un gars derrière me chope le mollet et me tire sous l'eau. L'envie de me retourner pour lui en foutre une fût bien présente mais la sagesse et l'idée que çà ne me serait que néfaste pour la suite me pousse à tracer ma route.
Sortie de l'eau en 1h04'40 avec une légère insatisfaction chronométrique. Aux sensations j'espérais un tout petit peu mieux. Ceci dit les conditions houleuses de cette année n'ont pas donné des temps monstrueux. C'est donc assez logique et tout à fait mon niveau d'avoir le 530ème temps général sur cette 1ère partie (88ème dans mon groupe d'âges 35-39ans).
Une T1 bien maîtrisée, sans perte de temps malgré le monde. Il n'y a qu'au moment de la montée sur le vélo où me retrouvant bloqué derrière des vélos je perds en fluidité dans l'action.
VELO
Une boucle initiale dans Kona m'invite à la vigilance devant la densité d'athlète. La montée de Kuakini sans trop forcer, un u-turn (voir video à 0'45") et une descente au taquet avant d'attaquer Palani Road (avec un coucou à Gwen et la famille au passage) me font déjà remonter pas mal de places.
Nous sommes sur la QueenK. Et désormais c'est une longue ligne droite sur la highway qui nous attend. Avec vent favorable et puissance développée légèrement supérieure à la puissance moyenne à tenir sur l'ensemble du vélo çà file très vite ( + de 40km/h). Le but étant d'éviter au maximum de devoir composer avec le drafting je suis hyper vigilant sur ce point. D'ailleurs je constate que les arbitres sont nombreux et que les penalty box sont pleines. Top !
C'est assez usant mentalement, comme si çà ne l'était déjà pas assez physiquement ;), et empêche d'être un maximum linéaire dans l'effort. Il faut faire avec, j'étais prévenu et coach Nick m'avait préparé à cela.
D'ailleurs ce fût un vrai régal de suivre ces consignes tout au long de ces 180km de vélo. Les jambes étaient là et je n'avais qu'à consulter mon Post-It® spécial Kona (j'en ai usé une palette sur la prépa' au moins ;)) afin de savoir comment je devais mener mon Canyon.
Enfin le U-TURN ! Je pense à mes "fans"en train de suivre le live depuis la France, y doivent être content de voir que je suis toujours In Da Race ;)
Mon estomac sonne creux et le mini-sandwich au poulet emmené sur le vélo me fait du bien. Il est vite avalé car autant on n'avançait pas dans un sens autant dans l'autre mon 53*11 semble trop juste et me demande des révolutions de 110 à la minute. Là aussi pas question de lâcher le cintre ....
J'avais pu croiser les pros dans la montée (Seb K. et Marino en tête), maintenant je vois ce qui se passe derrière. Pendant pas mal de temps je cherche le dossard 1545 et le casque jaune fluo de Sandra.
Je me dis, au fil des miles, qu'elle a nagé comme une déglinguée et qu'elle est toujours devant (finalement, d'après les split time, j'ai du la doubler au début de la QueenK et je l'ai loupé sur le retour). Cela a le mérite de s'évader un peu mentalement, nous voilà dans une partie de relâche relative avant d'arriver au carrefour de Kawaihae.
Dernière ligne droite ! Bon ok il reste plus de 50 km (vent défavorable pour que ce soit plus marrant ;)) mais c'est le moment de vérité ! Là je suis à la lettre les consignes et tout se passe nickel.
Lors de mes 3 premiers IM j'avais toujours connu un coup de moins bien à partir du 120ème km. Là en continuant à bien gérer alimentation/hydratation et en usant et abusant des bouteilles d'eau fraîches des ravitaillements pour me refroidir je suis resté homogène et j'ai pu sortir les watts jusqu'au bout tout en reprenant du monde. Super agréable !
A 20 puis 10km de la pose du vélo je continue mes calculs et voit que le sub5 est toujours d'actu, et ce d'autant plus que la toute fin est assez favorable côté dénivelé et vent.
Sur Makala Bd, à l'entrée de Kailua-Kona donc, je suis toujours dans le match et fait l'effort pour rester dans la même unité d'heure que les pros. C'est bête, hein ... mais j'y tenais (pas forcément au début de la course car cela dépend trop des conditions) car c'est toujours un boost mental également pour la suite. Dernier virage à droite, je me déchausse dans la descente, un regard au chrono : "Yeeees .... good job mon gars !! "
En posant le vélo en 4h59'27 je réalise le 13ème temps vélo dans mon GA et remonte ainsi à la 14ème place. Au général je passe de la 530ème à la 113ème place. Au regard des temps vélo effectués par les pros notamment (± 4h35) ce fût une année peu rapide. Je n'ai donc que plus de satisfaction à afficher un sub5 !
Une T2 bien menée, sans précipitation. Après un long tour pieds nus dans le parc à vélo je chope mon Run Bag. Une bénévole me pose une serviette fraîche sur les épaules (My Godness ... c'est trop bon !!!!) par contre je décline le badigeonnage de crème solaire. J'enfile mes manchons de compression, plus par précaution que réelle nécessité, mes chaussettes et mes runnings et me voilà parti, tout en positionnant visière et lunettes, pour ma partie préférée.
COURSE A PIED
Un peu comme à Lanza'09 je me sens très frais à la pose du vélo (c'était moins le cas à Regensburg'10 et Francfort'12).
Mis à part le fait de constater d'emblée que j'ai les jambes c'est aussi et surtout la chaleur qui m'a surpris au début du marathon. La chaleur j'adore çà mais je me dis qu'il va falloir abuser des éponges fraîches et de la glace, à l'image de Caroline STEFFEN.
J'ai pu rêver un instant en croisant (dès mes 1er pas sur Kuakini Hwy) Crowie à sûrement ±17 km/h (les spectateurs s'extasiant par des " Waaaahhh .. what guy ...") avec cette présence, ce style bien à lui (mais qu'est-ce qu'il est beau à voir courir ce type !!). Juste avant j'avais pu croiser Romain Guillaume, moins dynamique c'est certain, mais bien placé après l'A/R sur Alii Dr.
Quelque part je suis boosté car les pros avec leur 30' d'avance n'ont "QUE" cette A/R d'avance sur moi me dis-je. Pas de calcul alambiqué, j'ai bien à faire à gérer déjà mes ravitaillements dès le début du marathon, mais cela ne me paraît pas être énorme. Bref ...
Avec mon ami Cervantes from Mexico (qui, sur le coup, me semble avoir sûrement abuser du combo tortillas/guacamole pendant sa prépa ;)) ) la vitesse le long de l'océan est légèrement trop haute.
Certainement pressé de croiser (çà fait long depuis le matin) Christine, Carole & Oskar-Max qui se trouve au niveau de White Sand Beach je décélère que très progressivement.Au bout d'Alii je rattrape Jaja (vidéo 2'06) et c'est vraiment à ce moment là que je percute que je suis peut-être en train de faire un gros truc aujourd'hui. Sur le retour je croise des têtes connues me confirmant la chose.
En retrouvant à nouveau Christine je sais, par contre, que maintenant, même si je ne suis pas un performer aujourd'hui je serai au moins finisher. Et çà j'en suis convaincu, même en rampant ! C'est déjà une petite victoire personnelle.
Stéphanie, juste après le Lulu's, est là d'ailleurs pour me confirmer qu'il ne faut rien lâcher : "Message du coach ... si tu continues comme çà c'est Top100 ..." ... de manière effrontée je lui réponds "Oui, je sais ..." mais quel gros malin je fais, hein ???? ;)) ... mais j'ajoute " ... elle est où Sandra ???" toujours intrigué de ne pas l'avoir vu durant la course. "Elle arrive ..." me répond Stéf ! Malheureusement après un vélo compliqué sans rien pouvoir avaler elle a du jeter l'éponge à T2 :(
Après cette boucle initiale il faut monter Palani Rd avant, comme à vélo, de prendre la QueenK. Là nous sommes au paroxysme du 'chaud-bouillant', je ne m'arrête cependant pas de courir de peur de ne pas retrouver mon rythme ensuite.
Sur la QueenK c'est une interminable ligne droite de 9km qui nous amène à EnergyLab. Ma plante des pieds est en surchauffe (déjà) et l'allure commence à flancher (re-déjà !). Ceci dit avec des ravitos tous les miles où je répète le même rituel : éponges / eau glacée sur le visage / 2-3 gorgées de Cola / glace / re-eau et re-éponge je gère pas trop mal mon affaire et continue à remonter dans le classement.
Coucou à Piero au miles 11
De nouveau sur la QueenK mon allure a pris un sérieux coup dans l'aile. C'est un combat permanent avec moi-même désormais sur ces 10 derniers kilomètres. Du classique sur IM quoi ...
Quelques athlètes me doublent. L'inverse est de moins en moins vrai. C'est dur mais je sais que la fin est proche, elle s'approche même plus vite que prévu et c'est top pour le moral.
A 4km de l'arrivée une grosse crampe dans l'ischio vient me planter alors que je tentais de relancer l'allure au sommet d'une bosse. Je suis obligé de m'étirer et de finir sur une foulée rasante au maximum afin d'éviter le pétage complet.
Du coup quand Debil-Caux de Beauvais revient sur moi dans la descente de Palani Rd je n'ai pas la force, les jambes pour jouer avec lui. Idem avec ce SudAf qui me dépose littéralement dans la rue du marché à quelques hectomètres de la fin.
Tout cela n'altère en rien ma fin de course. Je peux savourer ces 2 derniers miles, je sais que je l'ai fait ce gros TRUC !! Seule cette nouvelle crampe de l'ischio à même pas 200m de la ligne m'empêche de savourer pleinement, de partager encore davantage avec le public. (voir vidéo 2'26) ... Christine était là à moins de 5m, je ne l'ai même pas entendu. Et pourtant ces "Chriiiiiiiiiis" ont du arriver à mes oreilles, pas possible autrement ;))
Ce marathon est bouclée en 3h09'52 (17ème temps dans mon GA).
- Temps : 9h19'43s (1h04 / 4h59 / 3h09)
- Classement overall : 58ème / 1982 partants (95% de finishers)
- Classement GA 35-39ans : 7ème / 214
- 3ème français amateurs
Comme je disais précédemment un TOP 100 à Hawaii dans le monde du triathlon amateur est phénoménal. Elle vient ici véritablement récompenser mon investissement de l'année 2012 qu'il soit financier ou personnel et familial. C'est très important qu'il y ait au bout le sentiment d'avoir un truc quasi palpable, un truc très fort !
Pouvoir performer sur 2 IM en 3 mois nécessite forcément d'avoir un peu de chance. Chance de ne pas avoir crevé durant la course, d'avoir eu un incident mécanique, de ne pas s'être blessé durant les prepa' ou encore pleins d'autres petites choses faisant que tout se termine prématurément.
Mais la chance il faut savoir, un, la provoquer et, deux, la minimiser en sachant ne laisser aucune place au hasard. Et en ce sens je pense que le travail effectué (pour encore parler de lui ;)) avec Nicolas HEMET durant cette année a été fantastique. Merci encore au TEAM X-Pier et RDV en 2013 !
Crédits photos :
- Pierre MOULIERAC - TriMax Hebdo
- FINISHERPIX
- Gwen TOUCHAIS
- Thierry SOURBIER - Onlinetri.com & Trimag
Super reportage vu de l'intérieur. Tu nous as donné des frissons avant (pendant la prépa) pendant (sur le tracker) et après grâce à ce reportage. Félicitation et merci pour le rêve.
RépondreSupprimerA bientôt
à quoi peut ton rêver après ce que tu as accomplis ???
RépondreSupprimerbello59
Mike DUVAL
Bien vu le coup des post-its ;-) Faut vraiment que je négocie avec 3M !!!
RépondreSupprimerGrand bravo pour la course !
Si j'ai pu "envoyer" du rêve c'est encore un challenge de gagné, merci Florent !
RépondreSupprimer"A quoi peut-on rêver après ??", Mike ... faire encore mieux là-bas ?? ;)))
Là y'avait big Post-It®, Nick ! Et celui-là je l'ai gardé en souvenir ;))
Un compte rendu à la hauteur de l'exploit : MAGNIFIQUE.
RépondreSupprimerDonc on attendra avec impatience le prochain sur big island.
A+
Joêl
ENZO que te dire sinon ENORMISSIME.....
RépondreSupprimerBRAVO tu es un artiste...tu nous fait rêver....éveillé!
MERCI