15 jours après Kona et une bonne récupération physiologique et musculaire il était temps de clore le chapitre 2016 par un swimrun.
Avec Yo nous nous étions inscrits à la nouvelle étape allemande de l'ÖTILLÖ World Series (Rheinsberg - 2h de route au Nord de Berlin).Décollage le vendredi matin depuis Bordeaux avec, dans mes bagages, une bonne indigestion. Vomissements depuis 2h du mat' qui dureront jusqu'à environ 17h. Autant dire que j'ai été un super compagnon de route pour mon Yo de l'aéroport de Schönefeld jusqu'à Rheinsberg ;)))
Un bon dîner le vendredi, une bonne nuit mais réveillé dès 4h du mat' (toujours pas recalé au niveau horloge interne) et le samedi, après le p'tit déj, 50' de footing tous les 2 pour découvrir la fin du parcours à pied de ce swimrun annoncé plat (33km) mais avec une proportion natation inhabituellement longue (10km - soit ± 25% de la distance totale).
C'est super joli même sous un temps gris. Les parties sous-bois sont ravissantes et les lac brumeux donnent un air mystérieux mais ô combien charmant à cette contrée germanique.
L'index, en indicateur pertinent et facile d'utilisation, perçant l'eau du dernier lac qui sera traversé semble, au regard du "bleu" qu'il s'est habillé, indiquer que l'eau du Pacifique est définitivement davantage à son goût. Formalisons la chose, et Fenix immergée, le doigt ne s'est décidément pas planté :
Et c'était remonté d'1°C le temps de prendre la photo ... |
On y retrouve nos copains-tout-orangé #bib37 Morgan et Dimitri pour un dernier échange : "ça va toi ?? Euuuh ben ouiais mais j'ai froid !! ... Euuuh ben moi aussi ..."
La course
8h30 c'est parti pour 150 équipes (180 inscrites a priori) et 4km de course à pied en guise de mise en bouche pour (tenter de) se réchauffer.
A notre aise, enfin surtout caler sur la mienne "d'aise", nous prenons un départ relativement prudent et pointons vers la 6 ou 7ème place, il me semble, au moment de goûter, pour la première fois de la journée, à la Wasser.
Même sur cette course à pied de plus de 17', accoutré de notre néoprène spécifique, nous n'aurons pas, comme c'est souvent le cas, besoin d'ouvrir la combi pour refroidir le moteur.
Le froid nous saisit dès les premiers coup de bras dans l'eau. La respiration est coupée et il me faut perso quelques longues secondes pour pouvoir embrayer. Tous les 2 avec Yo c'est tout d'abord nage style polo. Puis doucement ça se délie et enfin nous pouvons nager normalement ....
Image: Jakob Edholm/ÖtillÖ |
Nous avons bossé un peu spécifiquement (ben ouais, quand même :)) et appris également de nos courses précédentes et avons opté pour le tractage dans l'eau. C'est assez efficace, nous avançons plus vite et cela m'évite, et davantage ici, de trop me refroidir dans l'eau.
Après un début difficile je me rends compte que, contrairement à d'habitude, nous reprenons du monde dans l'eau !
Bon sinon ça caille, mais ça caille vraiment sévère (ndr : l'eau est à 10°C ici) mais en mode compét' rien ne nous arrête et, pour le moment, ce n'est pas ce qui nous préoccupe vraiment !
Hyper satisfait de cette natation inaugurale de 900m, même si la sortie pied dans la vase me plait moyen, elle permet d'embrayer sereinement. Enfin cela ne dure pas longtemps car même pas réchauffés voire encore glacés que nous devons nous remettre à l'eau pour un petit 1400m !!! Là encore ça saisit mais nous sommes "chauds" ... si j'puis dire
Comme sur la première nata j'adopte un bon rythme et Yo semble suivre correctement car la corde nous liant ne se tend pas plus qu'il ne faut. Là par contre c'est long, c'est super long .... 25' dans cette eau à 10°C franchement on en voit pas le bout !
A la sortie (et ça je le sais a posteriori) surviennent sans doute les premiers signes d'hypothermie. J'ai des vertiges, les jambes ne me soutiennent plus vraiment quand il faut monter ces escaliers du Time3.
Heureusement que nous conservons notre longe sur la course à pied. Ainsi mon Yo me permet, en me tractant à son tour, de me soulager, de ne pas me laisser aller et même à être très actif en courant assez vite (en tous cas dans l'intention) et tenter de se réchauffer. Tous les 2 nous sommes quasi dans le même état. Nous courons en grelottant, en tremblant de partout ! Nous n'arrivons même pas à se parler tant nos mâchoires sont crispées de froid ...
Arrive la 3ème natation, un bras de rivière pas très large, après moins de 2km à courir en mode tremblotte ! Et là on va dire que c'est le début de la fin .... Avec l'impression de mettre le même investissement qu'au début nous nous faisons déposer par les autres binômes. Mais c'est un truc de dingue. J'ai encore en mémoire ce couple mixte nous doublant par la gauche et nous mettant 50m en ± 150m de nage.
Nous sortons de cette portion de 660m sans aucun doute encore plus frigorifiés ! Nous courons comme nous pouvons en espérant surtout connaître le bonheur de se dire "Ouuuh ... faut que j'ouvre ma combi, j'ai trop chaud ..."
Time 4 et c'est le 1er ravito chaud : la moitié du gobelet de thé que nous tenons finit à terre. Une bénévole me fait signe de m'en verser dans la combi chose que j’exécute sur le champ "petit moment de bonheur ..." Du coup j'en verse dans le dos de Yo , il se retourne et j'ai cru qu'il voulait me pécho devant une face baignée de tant de béatitude ;)
Moment éphémère puisque quelques mètres plus loin, au moment d'attaquer une nouvelle portion aquatique, c'est craquage complet . Tel le cheval devant l'obstacle c'est refus catégorique. Là je peux plus ... j'vais crever si j'y retourne !
Je tombe en pleurs dans les bras de Yo qui me dira très vite que c'est un soulagement également pour lui.
Et voilà notre couse s'arrête là après 1h45 de course !!!
Pris en charge, fort heureusement, par Amélie qui se trouvait à cet intermédiaire nous pouvons regagner l'arrivée au chaud. Grand, grand merci à elle ... déjà comme ça ce fût dur alors sans, je n'ose imaginer le calvaire.
Aucun regret, même à froid, de ne pas être allé plus loin ! Même lorsque l'on nous a annoncé que finalement une portion de 1500m de natation avait été supprimée par l'organisation et que du coup une portion de + de 10km à pied voyait le jour (ce qui aurait été salvateur pour se réchauffer) nous aurions, tôt ou tard, subit de plein fouet les dernières longues portions de natation et sans aucun doute dû abandonner ....
Avec Yo le swimrun est un long apprentissage où l'on apprend vite mais faut nous expliquer longtemps :)) . Après les problèmes diverses notamment au niveau musculaire c'est ici notre "peur" de la surchauffe à pied qui nous a complètement fait occulter le fait que nous pourrions ne pas avoir la possibilité de se réchauffer à pied.
Partis avec uniquement la combi de swimrun sans aucune autre couche protectrice nous allions droit dans le mur.
sacre defi apres la chaleur du pacifique...j ai eu froid rien qu a lire le CR...lol
RépondreSupprimerbonne recup et bravo d avoir su prendre la decision la plus raisonable...GNR
Ca donne froid dans le dos !!!!
RépondreSupprimerHello Enzo, n'étant pas passé depuis 1 an ou plus, je découvre des derniers posts. Tu es bien un Extraterrestre du sport et excellent dans l'écriture. On est toujours plongé dans tes épreuves grâce à tes récits. Superbe année 2016 avec tes épreuves KON et ce OTILLO 2016. La photo de vous deux dans un champ est très sympa. 2 évadés du monde réel avec vos tenues si spécifiques. Nota , tes paddles sont tellement énormes que j'ai cru que c'était un bouclier viking....... Bonne récup 2017 à toi après tant d'exploits ces dernières années. ZUPER ENZO!! Enorme BRAVO à toi. Lolo Tiné, pote d'Eric et Valérie ( Triathlètes Peugeot )
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